Harry Partch est un compositeur américain du XXe siècle, né en 1901 à Oakland (Californie) et mort en 1974 à San Diego (Californie). Dès son plus jeune âge, Harry Partch est habitué à un plurilinguisme vocal et musical ; son père parle en mandarin, il écoute chanter (et chante) en espagnol et dans des langues amérindiennes… Il est assez vite frustré par le système d’accordage à douze sons, considérant qu’il ne peut retranscrire correctement les subtilités de la voix parlée ; sa consistance dramatique naturelle. Le livre d’Hermann von Helmholtz, On the sensation of tone, fut une véritable révélation ; lui ouvrant un nombre infini de possibilités. Fort des expériences de cette ouvrage, il écrivit Genesis of a Music. Il y oppose d’abord la musique abstraite et la corporéalité à travers les siècles et les tendances américaines, puis y développe son propos musical, sa théorisation et son application instrumentale sur ses premiers instruments.
Un des intérêts de la musique de Partch est de transmettre les intentions du corps par la musique. Chez lui, la corporéalité (Corporeal Music) se définit par l’utilisation de la poésie, du corps ; sa vocation à être spirituelle (etc.) et s’oppose à la musique abstraite (Abstract Music), qu’il considère comme déconnectée du besoin d’expression corporelle et ainsi, dénuée d’une certaine spiritualité car purement instrumentale et non-verbale. Il y a une réelle volonté de la part d’Harry Partch de revenir à une musique plus palpable, trouvant son sens dans l’expression corporelle et poétique. Auparavant, musique et textes n’étaient qu’une seule entité. Ainsi, le texte occupe une part importante de l’art dramaturgique de Partch ; essayant de traduire au plus près ses inflexions, ses nuances, ses modulations, parfois imperceptibles, que l’on retrouve dans la déclamation. Dans un souci de non altération de l’expressivité intrinsèque du texte, Harry Partch exécuta sa musique par le biais de procédés homophoniques et monophoniques (n’empêchant pas pour autant une grande présence du contrepoint), se rapprochant parfois de la monodie accompagnée. Il s’inspira beaucoup de la musique antique grecque. Pour parvenir à ses fins musicales, il divisa l’octave en 43 sons.
Toujours en s’inspirant de la Grèce Antique, il écrivit Oedipus – A Music-Dance-Drama (1951, 1952-54, 1967), à partir de la pièce de Sophocle Œdipe Roi (v. 425 av. J.-C.) qui s’apparente à un opéra dramatique. Puis un autre, à partir des Bacchantes (v. 405 av. J.-C.) d’Euripide : Revelation in the Courthouse Park – After The Bacchae of Euripides, en 1960. Ces opéras (comme tout opéra ou drame-musical), ont des chœurs ; peu ordinaires et restreint, de femmes et (ou) d’hommes, dirigés par un coryphée.
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Sources :
PARTCH, Harry. Oedipus – A music-Dance-Drama [Reproduktion der Originalpartitur, 1951, 1952-54, 1967].
PARTCH, Harry. Revelation in The Courthouse Park – After The Bacchae of Euripides [Reproduktion der Originalpartitur, 1960].
PARTCH, Harry. Genesis of a Music. Da Capo Press, 1974 (2e ed.) [1ere ed. 1949].
PARTCH, Harry. Bitter music. Thomas McGeary (éd.), Urbana et Chicago, University of Illinois Press, 1991.
COREY, Charles. Harry Partch [en ligne]. Charles Corey, disponible à l’adresse : https://www.harrypartch.com/
GILMORE, Bob. Harry Partch: A biography. New Heaven & London: Yale University Press, 1998.
NIETZSCHE, Friedrich. La naissance de la Tragédie [Die Geburt der Tragödie aus dem Geiste der Musik (1872)]. Traduction : Patrick Wotling, Paris : Le Livre de Poche, 2013 (Les Classiques de la Philosophie, Le Livre de Poche n°32696).
EURIPIDE. Tragédies complètes II. Traduction : Marie Delcourt-Curvers (1962), Trebaseleghe : Gallimard, 2018 (Folio Classique n°2105) pp.511-584.
SOPHOCLE. Œdipe roi [v. 425 av. J.-C.]. Traduction : Jean Grosjean (1967). Barcelone : Gallimard, 2019 (Folio Classique n°6005).